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Conakry, 6-8 mai 2025 – L’association Climate Chance, en partenariat avec Biotope Guinée et l’Office Guinéen des Parcs et Réserves de Faune (OGPNRF), a organisé cette semaine un nouveau module de formation dans le cadre du programme COMBO+, (Conservation, Mitigation and Biodiversity Offsets) qui est une initiative internationale visant à intégrer efficacement la biodiversité dans les projets de développement, notamment dans plusieurs pays d’Afrique. Ce module, intitulé « La connectivité écologique : enjeux et défis pour la protection des aires protégées de Guinée » est une initiative qui a réuni plus de 50 participants sur 3 jours, répartis en groupes selon leur secteur d’activité.
Objectif : vulgariser un concept encore méconnu et peu maîtrisé
Le cinquième module COMBO+ visait à rendre accessible un concept complexe mais crucial pour la conservation de la biodiversité : la connectivité écologique. Celle-ci désigne la capacité des espèces à circuler librement dans un environnement fragmenté, grâce à des corridors écologiques qui relient les habitats naturels.
« Un corridor de biodiversité, ce n’est pas simplement une forêt protégée, mais un espace de passage vital pour les espèces entre différents écosystèmes », a expliqué l’une des formatrices. Trois types de corridors sont ainsi possibles : paysager, linéaire et discontinu (ou pas de géant)1.
Schéma 1 : La connectivité écologique terrestre et aquatique
Schéma 2 : Les 3 types de corridors écologiques
Un format en trois temps pour toucher l’ensemble des parties prenantes
Ce module a été proposé dans le cadre du projet Corridor de Biodiversité, co-piloté par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable guinéen (MEDD) et l’association Climate Chance avec le soutien financier de l’Agence Française de Développement (AFD) afin de renforcer les capacités des décideurs guinéens. Déployée sur trois journées consécutives, cette session avait pour objectif de favoriser une appropriation progressive et ciblée des enjeux liés à la connectivité écologique, un concept clé pour la préservation durable des aires protégées.
Dès lors, le mardi 6 mai a rassemblé 18 participants issus d’ONG, d’associations et de partenaires privés. Le lendemain, ce sont 23 cadres et agents du MEDD et de ses structures affiliées qui ont pris part aux échanges. Enfin, la session du jeudi 8 mai a réuni 11 représentants de Ministères sectoriels, dont ceux en charge des Mines, de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche, de l’Artisanat ainsi que du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, illustrant la dimension transversale de la biodiversité dans les politiques publiques.
Alliant apports théoriques et exercices pratiques, la formation a offert aux participants un cadre d’échange riche et interactif, renforçant la compréhension des enjeux liés à la connectivité écologique. Au cœur des discussions : les grands principes des corridors écologiques, leur intégration dans les projets de développement en Guinée, les modalités d’une gestion participative efficace, ainsi que leur potentiel en tant que levier de développement socio-économique. Des outils de modélisation des corridors ont également été présentés, avant de passer à une mise en pratique permettant de comprendre la méthodologie de la cartographie du projet Corridor de Biodiversité.
Photo 1 : Les participants du 6 mai 2025 – Groupe ONG, associations et partenaires privés
Photo 2 : Formation sur la connectivité écologique – 6 mai 2025
Photo 1 : Pauline Cueto, chef de projet chez Biotope Guinée et formatrice – 7 mai 2025
Photo 2 : Les participants du 7 mai 2025 – Groupe MEDD et agences affiliées
Zoom sur des expériences déjà menées sur le continent africain
Pour ancrer les notions abordées, les formatrices ont illustré leurs propos à travers des exemples concrets, tels que le corridor transfrontalier KAZA en Afrique australe, ou encore les politiques pionnières en matière de connectivité écologique en Tanzanie. Enfin, la formation a été l’occasion de faire connaître le site internet de la Coalition internationale des corridors de biodiversité en Afrique, créé par Climate Chance, véritable centre de ressources proposant une carte interactive et une multitude de contenus par pays.
Un des temps forts fut également la présentation du parc de Pinselli-Soyah par le chef de Département Juridique et Contentieux de l’OGPNRF, fruit d’un processus de concertation communautaire inédit. Six communes rurales ont été mobilisées dans la transition d’une forêt classée vers une aire protégée co-gérée.
« Il faut parfois démontrer l’importance de la forêt aux communautés pour qu’elles s’engagent. La création d’un parc peut devenir un levier de fierté et de développement local », a exprimé l’un des participants du groupe MEDD.
Photo 1 : Formation sur la connectivité écologique – 7 mai 2025
Photo 2 : Séance de travaux pratiques autour de la cartographie du projet Corridor de Biodiversité
Des enjeux transversaux pour les Ministères sectoriels
Le troisième jour de formation a mis en lumière les pressions exercées par les secteurs extractifs et agricoles sur les écosystèmes guinéens, en particulier leur incidence sur la fragmentation des habitats naturels de plus en plus importante. Pourtant, loin d’être une contrainte, la prise en compte de la connectivité écologique dans les projets de développement peut représenter une réelle opportunité pour ces filières. Pour les entreprises minières, elle constitue un levier d’acceptabilité sociale et permet d’anticiper des obligations de compensation écologique souvent coûteuses. Du côté agricole, le maintien de corridors naturels, notamment le long des cours d’eau, favorise à la fois la libre circulation de la faune et la préservation durable des sols.
« Les bénéfices ne sont pas toujours immédiats, mais à long terme, cela évite les conflits humain-faune et améliore la résilience des activités agricoles », a résumé un représentant du Ministère de l’Agriculture.
Photo 1 : Les participants du 8 mai 2025 – Groupe représentants des Ministères sectoriels
Photo 2 : Restitution de la séance de travaux pratiques autour de la cartographie du projet Corridor de Biodiversité
Perspectives et prochaines étapes
L’enthousiasme des participants tout au long de la formation a témoigné d’un réel engouement pour les enjeux de connectivité écologique, désormais perçus comme un levier incontournable pour la préservation à long terme des aires protégées en Guinée.
Clôturant le cycle de formation Combo+, ce cinquième module ne signe pas pour autant la fin du processus de renforcement des capacités. Dans le cadre du projet Corridor de Biodiversité, d’autres actions sont déjà prévues dans les mois à venir : la publication régulière de notes d’analyse trimestrielles, la diffusion du bulletin du Corridor de Biodiversité, ainsi qu’une formation dédiée aux mécanismes de financements innovants – notamment les crédits carbone et biodiversité – animée par le cabinet EcoAct, expert en certification carbone à l’échelle internationale et partenaire du projet Corridor de Biodiversité.
Carte des 2 corridors écologiques prioritaires pour relier les deux parcs nationaux de Badiar et du Moyen-Bafing réalisée par Biotope, dans le cadre du projet Corridor de Biodiversité co-porté par Climate Chance et le MEDD
1 Corridor paysager : il s’agit d’un espace naturel continu et vaste (ex : une mosaïque de forêts, de savanes, de zones humides…) qui permet à la faune de se déplacer librement. Il ne présente pas forcément une forme linéaire, mais offre une perméabilité générale du paysage. Exemple : un ensemble de forêts secondaires entre deux aires protégées.
Source : UICN France, 2016 – “Les corridors écologiques : un outil pour restaurer la connectivité des milieux naturels”.
Corridor linéaire : c’est une bande étroite et continue de végétation naturelle ou semi-naturelle reliant deux habitats. Il offre une trajectoire clairement définie pour les déplacements des espèces. Exemple : haies bocagères, ripisylves (végétation le long des cours d’eau), bandes boisées.
Source : Ministère français de la Transition écologique, Trame verte et bleue, 2011
Corridor discontinu (ou “pas de géant”) : ce type de corridor est constitué d’éléments fragmentés mais rapprochés, permettant aux espèces de se déplacer par étapes entre deux habitats favorables. Il est essentiel pour les espèces mobiles, notamment les oiseaux ou certains grands mammifères. Exemple : une série de petits boisements ou mares espacées mais alignées entre deux zones naturelles.
Source : Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB), 2019 – “Connectivité écologique et fragmentation des habitats”